samedi 28 février 2009

Image

Le mot image en poésie désigne des figures fondées sur la mise en rapport de deux réalités différentes:
L'une désigne proprement ce dont il s'agit ( représentation, illustration), l'autre mettant à profit une relation d'analogie ou de proximité avec la première.
Pierre Reverdy propose une définition de l'image poétique fondée sur la relation entre ces deux pôles :

« l'image est une création pure de l'esprit.
Elle ne peut naitre d'une comparaison mais du rapprochement de deux réalités plus ou moins éloignées.
Plus les rapports des deux réalités rapprochées seront lointains et justes, plus l'image sera forte , plus elle aura de puissance émotive et de réalité poétique.
Deux réalités qui n'ont aucun rapport ne peuvent se rapprocher utilement. Il n'y a pas création d'image. »

Ainsi le désir d'étrangeté donne cette image surréaliste:

«  Ma femme aux pieds d'initiales.
Aux pieds de trousseaux de clés aux pieds de calfats(oiseaux) qui boivent »
(André Breton, L'Union libre. Gallimard)

Ou le désir de vraisemblance ou de logique comme faire ressembler le poète à un oiseau(l'albatros):

Le poète est semblable au prince des nuées
Ses ailes de géants l'empêchent de marcher
(Baudelaire, les fleurs du mal)

jeudi 12 février 2009

Mustapha Kasri s'est étteint





Mustapha El Kasri,poète et homme de lettres nous quitte à l'âge de 86 ans
Il est le premier traducteur arabe de l'Œuvre d'Antoine de Saint Exupéry "Le Petit Prince" et "Les fleurs du mal" de Charles Baudelaire. Il a également traduit en langue arabe "Les Caractères" de La Bruyère, "Les maximes" de François de la Rochefoucauld, des poèmes de Saint John Perse, de Mallarmé, Paul Valéry, Victor Hugo, de l'Espagnol F. Garcia Lorca, de l'indien Rabindranah Tagore et en langue française des poèmes de Nizar Kabbani.
Il est aussi l'auteur d'une monographie en langue arabe sur la rose "Kitab Al Ward" et de monographies notamment sur le peintre Belkahia.
Fin érudit, il a co-réalisé, avec Brigitte Fournaud, une encyclopédie "Connaissance du Maroc" (12 volumes - Ed. Okad), dirigé deux volumes de la "Grande Encyclopédie du Maroc" et collaboré dans 7 volumes du "Mémorial du Maroc" de feu Larbi Essakalli.

M. Kasri, par lui-même

Quel éloge peut-on faire de moi ? Ce que je peux dire, c'est que j'ai eu trois vies, une vie de militant où j'ai accompli mon devoir de résistant et où j'ai été en prison à trois reprises, où je me suis investi dans le travail syndical, j'ai fondé avec Mahjoub Benseddik l'UMT. Une vie dans l'administration où j'ai occupé le poste de chargé de mission auprès de M. Boutaleb, directeur des PTT, puis à Tunis secrétaire des affaires maghrébines, puis chargé de mission auprès de Ahmed Osman alors Premier ministre.
J'ai été ensuite nommé ministre plénipotentiaire à Washington puis SG à l'information avec M. Khattabi et enfin chargé de mission au cabinet royal jusqu'à mon détachement à l'ISESCO avec M. Boutaleb.

Parallèlement, j'ai entrepris la traduction de grands auteurs que nous avons cités, j'ai également écrit nombre d'articles de fond sur Averroès Ibn Khaldoun, sur les tribus arabes. Lorsque j'ai perdu la possibilité d'écrire et de lire, je me suis rendu compte de toute la richesse accumulée qui donne encore un sens à la vie. J'ai aussi un retour des professeurs d'université qui commencent à transmettre ces œuvres traduites à leurs élèves.

Il y a aussi les théoriciens de l'école de traduction de Tanger. On a également comparé ma traduction notamment celle du poème «Etroits sont les vaisseaux » à celle d'Adonis professeur à la Sorbonne et c'est ma traduction préfacée par l'ancien Premier ministre tunisien Mohamed Mzali qui a été retenue par les Cahiers de saint John Perse, c'est dire si j'en suis flatté.