vendredi 29 mai 2009

Les colchiques

Le pré est vénéneux mais joli en automne
Les vaches y paissant
Lentement s'empoisonnent
Le colchique couleur de cerne et de lilas
Y fleurit tes yeux sont comme cette fleur-la
Violatres comme leur cerne et comme cet automne
Et ma vie pour tes yeux lentement s'empoisonne

Les enfants de l'école viennent avec fracas
Vêtus de hoquetons et jouant de l'harmonica
Ils cueillent les colchiques qui sont comme des mères
Filles de leurs filles et sont couleur de tes paupières
Qui battent comme les fleurs battent au vent dément

Le gardien du troupeau chante tout doucement
Tandis que lentes et meuglant les vaches abandonnent
Pour toujours ce grand pré mal fleuri par l'automne

Guillaume Apollinaire (1880 - 1918)

4 commentaires:

kalimate a dit…

MG, quel plaisir de te retrouver, ne serait-ce qu'à travers le verbe enchanteur de Apollinaire!

too banal a dit…

..les colchiques, c'est un peu un printemps en miniature! Chaque saison apporte sa note particulière!
Pour le moment, c'est l'été et sa chaleur bien particulière! Hier, 36°...Nuit mouvementée écrasée de sirocco et d'orages...Mais le festival des musiques dites sacrées à commencé...ça va nous faire oublier pour une semaine les grandes chaleurs...
Bonne journée lumineuse!

Yugurta a dit…

C'en est assez de l'Ecole Chic, voilà venu le temps des pleurs sur le versant des maîtres et des sourires dans les plaines apprenantes.
Tassées dans les recoins, entassées dans les bas fonds, les signes de la beauté se tarissent.
MG, lourde est cette tâche que tu assumes !
La poésie a quitté le lit englué de sicaires ambivalents pour aller vers la couche sans repère de ta FOI.

MG a dit…

Je dirai merci à kalimate, les kalimate qui vont au delà des paroles...

A too banal qui en toute saison sait domestiquer la lumière, je me demande s'il peut se passer de ténèbres!

A yugurta pour dire combien ses escapades sont source de plaisir et de rêve,une source intarissable d'inspiration pour les initiés seuls,les novices gagnerons à lire du yugurta, un jour et à force de persévérance ils en tirerons de la ...délectation!